Partie I : Présentation des substances psychoactives
Définition et utilisations
On appelle drogue ou substance psychoactive toute substance qui modifie la perception, la manière de ressentir les émotions, de penser, de se comporter et entraîne une dépendance. Une substance psychoactive est un composé chimique, biochimique ou naturel, capable d'altérer une ou plusieurs activités neuronales et/ou de perturber les communications neuronales. La consommation de drogues par l'homme modifie ses fonctions physiologiques ou psychiques, ses réactions et ses états de conscience. Certaines drogues peuvent engendrer des troubles comme une dépendance physique ou psychologique, l'usage répété de celles-ci peut avoir pour conséquences de graves perturbations physiques ou mentales.
Il existe également des drogues licites mais réglementées, (comme l’alcool et le tabac ou encore certains médicaments).
Nous allons nous intéresser plus particulièrement aux substances illicites dont la loi proscrit l’ usage et la vente comme le cannabis, l’héroïne ou la cocaïne.
Classification des substances psychoactives
Selon le rapport Roques les psychotropes sont classés en ne considérant que les effets neuropharmacologiques qu'ils provoquent; on distingue alors :
- les analgésiques-narcotiques
- les stimulants
- les hallucinogènes
- les dépresseurs
- les anxiolytiques.
L'homme et les drogues, une longue histoire...
Les drogues les plus rependues ont une longue histoire. Depuis la Grèce antique les hommes ont utilisé des produits naturels à des fins médicales. Ces produits, jusqu’au XIXème siècle, étaient vendus chez "le droguiste" puis chez "l’apothicaire".
Ce fut le cas des feuilles de cannabis, de l’opium puis de l’héroïne utilisée comme antitussif et antalgique pour le traitement de la tuberculose mais aussi de la coca utilisée pour ses vertus stimulantes et de la cocaïne utilisée à la fin du 19ème siècle comme anesthésique local en chirurgie de l’œil ou en ORL. Certains de ces produits, qui modifient l’état de conscience, étaient et sont encore utilisés dans certains pays à des fins religieuses ou initiatiques pour entrer en contact avec les esprits. Celles-ci sont parfois détournés de leur usage de soin et leur consommation devient une véritable préoccupation. Le cannabis se diffuse en masse notamment auprès des populations jeunes ainsi que la cocaïne et le LSD.
Les différentes utilisations des drogues
Voici quelques exemples d'usages liés aux substances psychoactives :
•L'usage lié à la médecine : dans les médicaments à faible dose, anesthésie...
•L'usage lié à l'expérimentation, la transgression ou la curiosité : rechercher du plaisir, pour se défouler, ressentir des sensations intenses, hors du commun, transgresser les normes du monde des adultes et faire sa propre expérience...
•L'usage lié à la religion : entrer en transe, contacter les esprits...
•L'utilisation pour vaincre un mal-être, une angoisse : pour tromper son ennui, pour fuir la réalité et les problèmes que l'on juge insupportables,résoudre un problème psychique (angoisse vide)...
•L'utilisation pour améliorer ses performances : stimulants, dopage, insomnie...
•L'utilisation pour résoudre des difficultés comportementales : calmer la douleur, tranquillisants, vaincre la timidité...
Qui est le plus touché?
Selon les sondages réalisés par l'INPES (institut national de prévention et d'éducation pour la santé) nous pouvons constater que ce sont les jeunes qui consomment le plus de substances psychoactives, la plus consommée étant le cannabis. En effet, plus d'un million de personnes en consomme régulièrement et 700 000 personnes en consomme quotidiennement. Le taux de jeunes consommateurs de cannabis représente la part la plus élevé d'Europe.
Quels sont les potentiels de nuisance et les risques de la consommation ?
Les effets, risques et dangers de la consommation varient selon les produits utilisés, mais aussi selon la sensibilité, l’état physique et psychique du consommateur et selon les circonstances de consommation. Le potentiel de nuisance ne dépend que de la drogue, c’est sa capacité de nuisance possible envers le consommateur ou son entourage.
Chaque drogue présente un potentiel de nuisance dans trois domaines :
• Un potentiel intoxicant,
• Un potentiel agressogène,
• Un potentiel addictif.
Potentiel intoxicant :
Chaque drogue présente à des degrés divers un potentiel intoxicant somatique (physique), c'est-à-dire capable de léser certains organes, pouvant aller jusqu'à la mort par overdose pour certaines d’entre elles, et un potentiel intoxicant psychique (modification de l'humeur, anxiété, dépression, crise d'angoisse et de panique, perte de contrôle de soi, trouble du comportement, délire, épisode psychotique, trouble de la personnalité, paranoïa...). S'ils sont répétés, ces troubles deviennent durables et peuvent conduire à des affections psychiatriques graves
Potentiel agressogène :
Propre des produits stimulants qui suppriment les inhibitions et donnent un sentiment de toute-puissance il conduit à surestimer ses capacités et son appréciation du danger et à passer à l'acte d'où les actes de violence (agressions, violences conjugales et familiales) et les accidents (accidents de la route, professionnels ou domestiques).
Potentiel addictif :
C’est la propriété des drogues de conduire à la dépendance. Le potentiel addictif est variable selon les drogues mais toujours présent. Très rapide pour le crack, la méthamphétamine et les opiacés, il se manifeste plus ou moins vite avec les autres drogues (cocaïne, cannabis) en fonction du mode de consommation et de l'état psychique de l'usager.
Les dangers et les risques varient d'une drogue à l'autre selon son potentiel de nuisance et sont de différentes natures. Comme les effets, ils dépendent aussi de la sensibilité du consommateur, de son état physique et psychique. On recense :
• Le risque somatique
• Le risque psychique
• Le risque maternel et fœtal
• Le risque social
Le risque somatique
C'est la capacité pour la drogue à léser certains organes (foie ou système nerveux pour l'alcool, destruction des neurones pour l'ecstasy, cancer pour le tabac ou le cannabis, etc.) et à induire des maladies.
Le risque psychique
Ce sont les troubles psychiques temporaires ou durables. Les risques temporaires apparaissent au moment de la consommation ou peu après. Ils incluent : modification de l'humeur, anxiété, dépression, crises d'angoisse et de panique, perte de contrôle de soi, troubles du comportement, délire, épisodes psychotiques, troubles de la personnalité, paranoïa...Les troubles, s'ils sont répétés, deviennent durables et peuvent conduire à des affections psychiatriques graves : dépression, psychose, paranoïa ou schizophrénie chroniques.
Le risque maternel et fœtal
Consommées par une femme enceinte, les drogues, pour la plupart, traversent le placenta et atteignent le fœtus. Elles ont alors un effet aussi bien sur le déroulement de la grossesse que sur l’enfant. Elles entraînent : fausse couche, mort in utero, accouchement prématuré, malformations du foetus, mort subite du nourrisson, retard de croissance, anomalies mentales. Une dose absorbée considérée comme faible pour la mère peut s'avérer très élevée pour le foetus. La dépendance du foetus et du nouveau-né lorsque la mère a consommé des drogues génère une dépendance physique pendant sa grossesse.
Toute consommation de drogue induit un risque social. Il peut être ponctuel ou durable selon la quantité consommée et le niveau de dépendance. Il inclut : échec scolaire ou professionnel, problèmes familiaux, isolement, marginalisation, exclusion sociale, violences, accidents.
Même si ces substances procurent à court terme un plaisir ou un soulagement, ceux-ci sont dangereux à court, moyen et long terme pour la santé physique et psychique et généralement perturbateurs de la vie sociale. Pour quelques instants de plaisir, ils peuvent conduire à la dépendance et à des années d'enfer.